La création d’une sculpture en argile peut être abordée de plusieurs façons. Il existe plusieurs chemins pour aboutir à une même forme. Chaque sculpteur utilise ces différentes techniques en fonction des contraintes de sa réalisation (taille, terre, cuisson, etc…) ou de ses propres habitudes de travail. A toi d’expérimenter, de t’adapter, de découvrir tout en t’amusant, en bref : la céramique !
Dans cet article, je pars du principe que tu travailles tes sculptures en argile pour les cuire dans un four de céramiste. Nous avons vu dans un précédent article quelle argile utiliser en sculpture. Il y a donc 2 situations qui ne sont pas traitées : la sculpture sans cuisson ou la sculpture avec une argile auto-durcissante. On parle de ces situations en fin d’article.
Petit conseil de Maude, notre prof de sculpture
Si tu es débutant, l’utilisation de supports visuels est conseillée (photos, dessins, croquis..). Ces supports te serviront de guide, c’est rassurant et ils t’aideront beaucoup à construire ta pièce !
Si tu souhaites te lancer et façonner ton premier buste avec toutes les astuces d’une pro, jette un œil à la formation sculpture de Maude dans l’Atelier du Bol.
Techniques de la sculpture dans une masse d’argile
La première approche consiste à travailler sur une masse d’argile. Deux possibilités s’offrent à toi : ajouter de la matière ou en retirer.
La sculpture par ajout d’argile
On part d’un corps d’argile, en général au centre de notre sculpture, et on ajoute des éléments pour créer notre forme. Pour ajouter ces éléments, on va simplement les incruster dans le corps par écrasement et lissage. Dans cet optique constructive de la sculpture, on peut utiliser des ossatures métalliques comme guide et assembler des morceaux d’argile en partant de rien. Bien qu’il soit souvent retirer de la sculpture avant cuisson, le métal utilisé pour ces ossatures doit pouvoir supporter de la haute température. On ne sait jamais… Il est donc possible de créer une sculpture en partant de rien et en assemblant l’argile, morceaux après morceaux, en suivant ou non une ossature.
La sculpture par retrait d’argile
Il s’agit de la démarche inverse. On part d’un corps central trop gros et on retire de l’argile pour obtenir notre forme. Pour des formes simple, aucun souci. Pour des formes plus complexes, ça se complique. Le retrait demande une bonne visualisation des volumes mais, en cas d’erreur, on a toujours la possibilité de rajouter de la matière.
Évidemment, ces deux principes sont des approches qui s’avèrent complémentaires dans la pratique.
Pourquoi faut-il évider nos sculptures ?
Une fois, le façonnage de ta sculpture terminé, on se retrouve avec une masse conséquente d’argile. Cette masse d’argile est une véritable bombe ! Oui, oui, je n’exagère pas ! Elle peut littéralement exploser lors de la cuisson. Il va donc falloir procéder à l’évidement de ta sculpture en argile.
Pourquoi doit-on évider ? Lors du modelage de ta sculpture, tu as probablement créé des micro-bulles d’air dans l’argile. La cuisson de ton biscuit va permettre à cet air emprisonné de s’évacuer. Mais pour que tout cela se passe tranquillement, il faut que :
- les bulles d’air ne soient pas trop grosses donc tu dois faire attention lors du modelage de ta sculpture.
- les bulles d’air ne soient pas trop loin de la surface donc tu dois t’assurer que ta sculpture ne présente pas d’épaisseurs supérieures à 2 cm.
Si ta sculpture est pleine, tu devras donc la vider à l’intérieur pour ne garder qu’une surface de 2 cm. Si tu ne la fais pas, l’air coincé en profondeur risque de faire éclater ta création ou la fissurer.
L’évidement aura aussi d’autres avantages :
- obtenir un séchage homogène,
- économiser une quantité importante d’argile,
- alléger fortement ta pièce.
Comment évider une sculpture en argile ?
Le principe de l’évidement est de découper une partie de ta sculpture pour accéder à l’intérieur, retirer un maximum d’argile, puis recoller les morceaux. Principe simple mais attention ! La découpe que tu vas réaliser va plus ou moins te simplifier ton évidement. Comme tu l’imagines, chaque cas est particulier mais il existe une série de principes à garder en tête pour ne pas faire de boulettes.
Voici les règles à respecter :
- La surface de ta sculpture doit avoir séchée sur 1 cm pour avoir suffisamment de rigidité. Sois patient !
- Découpe ta sculpture avec un fil de potier pour avoir une découpe nette et facile à réaliser.
- Ta découpe ne doit pas couper des parties détaillées de ta sculpture car tu auras du mal à les recoller avec précision. Par exemple, sur un buste, on évite le visage.
- Tu ne dois pas découper ta pièce sur une partie étroite de ta sculpture car tu auras du mal à accéder à l’ensemble de l’intérieur. Par exemple, sur un buste on ne coupe au niveau du cou.
- Fais attention à ne pas fragiliser ta pièce par ta découpe. Même exemple : la découpe d’un buste au niveau du cou fragilisera fortement le maintien de la tête.
- Tu dois évider ta sculpture en partant du haut vers le bas. Si tu fais l’inverse, le poids en partie haute va appuyer sur la partie basse que tu as évidée, créant une déformation, voir un effondrement de ta sculpture.
- Au recollage des parties découpées, c’est l’inverse ! On recolle du bas vers le haut pour avoir un maximum de maintien de la sculpture. Le recollage est un assemblage de pièces, nous verrons cette technique plus tard dans l’article.
- Pour ne pas passer à travers lorsque tu vides ta sculpture, utilises une petite aiguille qui te permettra de sonder l’épaisseur de la surface.
- Une fois tous les éléments recollés, n’oublie pas de laisser un petit trou quelque part sur ta sculpture pour que l’air puisse circuler, sinon même résultat à la cuisson : explosion !
Tu as les règles principales pour te lancer. Évidemment, adapte toi, expérimente et surtout prend le temps de la réflexion lorsque tu arrives à l’étape de l’évidement.
Techniques de la sculpture en creux
La seconde approche est de modeler directement une sculpture creuse. Pour cela, il existe deux techniques très célèbres en modelage : la sculpture au colombin et la sculpture à la plaque.
La sculpture au colombin
Le colombin est une technique si ancienne qu’elle semble inscrite en nous. Un colombin est un cylindre allongé. Rouler un colombin est le geste préféré des enfants lorsqu’on leur met de la pate à modeler dans les mains. On peut rouler des colombins de tous diamètres et de toutes longueurs.
On assemble ensuite les colombins en les soudant, c’est à dire en comblant les espaces en faisant glisser l’argile.
La sculpture à la plaque
Autre technique ancestrale : la plaque. On aplati un morceau d’argile avec un rouleau à pâtisserie. Pour obtenir une plaque d’épaisseur constante on utilise deux tasseaux en bois qui vont servir de guide d’épaisseur.
On peut ensuite déformer les plaques pour créer les formes, les assembler entre elles ou les refermer sur elles-mêmes pour obtenir toutes sortes de formes. Chaque élément sera donc creux et formé de parois d’épaisseur constante.
Les subtilités
Évidemment, la construction d’une sculpture aux colombins et/ou à la plaque comporte de nombreuses subtilités liées au type de forme recherché. Chaque sculpture aura ses propres difficultés. En général, les problèmes sont souvent liés au maintien de la sculpture, à son risque s’affaissement ou d’effondrement. Une technique courante pour éviter ces problèmes est d’utiliser des pièces de maintien qui seront retirées plus tard et/ou de laisser des période de séchage qui augmenteront la rigidité des éléments sculptés.
Retrouve les colombins et les plaques dans la formation Modelage à la maison proposée par la céramiste Goye dans l’Atelier du Bol.
Assembler les éléments d’une sculpture
Pour que deux éléments en argile n’en forment plus qu’un , il faut les souder, les coller, les assembler. La colle ou le ciment du céramiste s’appelle la barbotine. Pour améliorer son efficacité lorsque la surface d’un élément a commencé à sécher, la technique complémentaire s’appelle le guillochage. De bien grand mots pour des choses très simples !
La barbotine
La barbotine est composée d’eau et d’argile, le même argile que celui que tu utilises pour ta sculpture. L’idée est d’avoir un mélange homogène avec une consistance crémeuse pour que tu puisses l’étaler comme une colle sur les zones à assembler. Prépare toi un pot de barbotine avant de démarrer ton projet, c’est indispensable.
Pour préparer une barbotine, tu peux utiliser des restes d’argile sèche ou humide que tu vas mélanger avec de l’eau minutieusement avec un pinceau. Ne commence pas avec trop d’eau pour ne pas obtenir une barbotine trop liquide. Mieux vaut ajouter l’eau au fur à mesure jusqu’à ta consistance idéale. Prépare ta barbotine dans un pot avec couvercle, ainsi tu pourras le stocker en limitant l’évaporation. Ta barbotine restera toujours opérationnelle !
Le guillochage
Le guillochage consiste à griffer la surface qui va être assemblée. On la quadrille de fines hachures avec une aiguille ou un outil pointu.
En général, le temps de créer les éléments de ta sculpture, leurs surfaces vont commencer à sécher et donc perdre de l’eau. Pour améliorer l’effet liant de la barbotine, il faut augmenter la pénétration de l’eau de la barbotine dans les éléments. C’est le rôle du guillochage. Il va aider à ramollir les surfaces de tes éléments. Plus tes éléments ont séché, plus il faudra que tu guilloches les surfaces.
Cas particuliers
Si tu ne cuis pas ta sculpture (souvent par absence de four) ou que tu sculptes avec de l’argile autodurcissante, toutes les techniques présentées plus haut sont valables. Seul l’évidement ne sera pas indispensable même s’il est souhaitable pour récupérer un maximum d’argile et alléger ta pièce.
Bonus : un Café Poterie dédié à la sculpture
On a fait le tour des techniques essentielles pour donner vie à ta sculpture en argile. Pour poursuivre ta découverte, je te propose de découvrir les techniques de décors dans un autre article (à venir). Si tu souhaites un accompagnement pour créer ta première sculpture, jette un œil à la formation de Maude qui te permettra de découvrir toutes les astuces pour créer ton premier buste en argile.