Lorsque l’on débute la poterie, on se rend compte que l’ergonomie est primordiale. Avoir une bonne position face au tour de potier, et principalement le tournage nous protège de vives douleurs. En effet, la poterie au tour n’est pas seulement de la création. C’est aussi un exercice d’endurance et de précision, où l’ergonomie joue un rôle clé. Cet article réalisé par Laurie Di Vincenzo, kiné et élève en CAP Tournage te donnera des clés pour préserver au mieux ta santé !
La position sur le tour
Au niveau du choix du tour, nous te conseillons d’acheter un tour réglable surtout si tu es très grand ou très petit. Ainsi, tu pourras avoir une bonne ergonomie en l’ajustant à ta morphologie. Concernant le choix du tour, tu as toutes les infos dans ce guide du tour de potier. Si ton tour n’est pas réglable, essaie de jouer sur ses dimensions en mettant un support dessous pour le rehausser par exemple.
Points clés pour une bonne ergonomie du potier
Colonne vertébrale :
On cherche à respecter les courbures physiologiques, on évite l’enroulement du bas du dos. Avoir le dos droit permet de répartir la charge sur toutes la surface articulaire et d’éviter de pincer le disque à l’avant. Le fait d’être toujours vers l’avant chasse le disque vers l’arrière. A terme, cela entraine des hernies discales.
Épaules
Elles doivent être basses, ne pas remonter vers les oreilles. Les épaules maintenues en haut peuvent créer des conflits dans les articulations entre l’omoplate et l’humérus et des tensions dans les trapèzes. Cela peut engendrer par la suite des tensions cervicales.
Coudes
Au maximum calés sur les cuisses, ou contre le buste. cela permet d’être stable et de ne pas s’épuiser.
Poignets
Utiliser l’avant-bas comme axe de force pour éviter de forcer sur l’extension du poignet. C’est un peu comme pour la colonne vertébrale. Si on force trop sur l’extension du poignet on pince les petites articulations vers l’arrière du poignet. La charge est moins bien repartie donc la force est plus importante sur cette zone.
Genoux
Pour que le potier ait une bonne ergonomie, les genoux doivent être plus bas que les hanches. Ils doivent être au maximum à la même hauteur et équilibrés.
Cheville
On doit pouvoir appuyer et rêlacher la pédale sans inconfort. Si la pédale de votre tour est trop dur, prenez une clé, elle se dévisse facilement.
Pour s’assurer d’avoir un corps utilisé au mieux, prends le temps de régler le matériel. Plusieurs paramètres peuvent être réglés et adaptés en fonction de la morphologie et la pratique de chacun : hauteur du tour, hauteur et inclinaison du tabouret, position de la pédale pour essayer d’avoir des conditions optimales pour le corps.
L’ ergonomie du potier : le tabouret
Tabouret trop bas
Si le tabouret est trop bas, les genoux et les hanches sont en hyperflexion. On est ici en compression, ce qui n’est pas conseillé pour la circulation. On peut avancer la pédale pour relâcher la flexion de genou, mais la hanche reste très fléchie ce qui entraine aussi un enroulement lombaire. Cet enroulement va à l’encontre de la courbure naturelle.
On risque également dans cette position plus “ramassée” d’avoir les épaules qui remontent vers les oreilles.
Tabouret haut
Le fait de remonter le tabouret permet d’avoir une position plus ouverte. C’est utile pour des pièces hautes mais il est plus difficile de stabiliser les coudes.
Tabouret sans inclinaison
Puisque nous sommes obligés de nous pencher en avant pour tourner, incliner le tabouret vers l’avant demande moins de flexion dans les hanches et évite l’enroulement lombaire. Ici, on se rend compte qu’avec le tabouret à plat, l’angle entre les jambes et le dos est trop aigu, il y a donc compression.
Une fois la hauteur du tabouret réglée, celle du tour peut être modifiée pour les derniers ajustements : il faut pouvoir le serrer entre ses genoux et qu’il soit suffisamment haut pour garder la bonne position.
On peut aussi reculer le tabouret lorsque l’on tourne une pièce large, pour avoir de l’espace pour les bras et utiliser le poids du corps vers l’arrière lors de l’ouverture.
Autres points pour une bonne ergonomie du potier
Pour avoir une bonne position face au tour, on va éviter chercher à éviter tout déséquilibre asymétrique. Pour cela je te conseille quelques astuces simples à mettre en place.
La cale
Si tu gardes ton pied sur la pédale lors du tournage, pense à mettre une brique sous le pied controlatéral. Cela te permet de garder la colonne vertébrale bien droite.
Le miroir
Utilise un miroir pour limiter les inclinaisons. Cela te permet de ne pas écraser
Prendre soin de son corps
Comme nous ne pouvons pas éviter complètement l’asymétrie, certains gestes répétitifs et la fatigue, voici quelques conseils généraux.
S’échauffer
Comme pour toute activité physique, s’échauffer avant de commencer diminue le risque de se faire mal. Fais bouger toutes tes articulations et commence par des petits poids de terre par exemple pour augmenter les contraintes progressivement.
S’entretenir
Certains gestes en céramique nécessitent de la force (pétrissage, centrage, etc.) notamment avec des gros poids de terre. Ces gestes sont souvent réalisés en gainage, c’est-à-dire qu’on développe une résistance sans effectuer de mouvements (ou en tous cas minimes). Lors du centrage par exemple, tout le tronc et les membres supérieurs se contractent pour résister à la terre mais il y a très peu de mouvement.
Des muscles toniques et endurants permettent de stabiliser les articulations et d’éviter qu’elles ne s’abîment. Les tendons sont ainsi plus résistants et donc moins sensibles aux gestes répétitifs et prolongés. Enfin, une musculature équilibrée permet de répartir le travail et d’alléger la contrainte par articulation.
Pensons aussi à s’étirer. De manière générale, une bonne souplesse musculaire et une bonne mobilité articulaire évitent les compensations: si une zone est raide, nous allons sur-solliciter les autres parties du corps.
Faire du yoga
Une bonne séance de Yoga en fin de séance peut aussi faire beaucoup de bien ! Il faut bien choisir tes positions pour qu’elles viennent pallier aux zones de tension. Pour en savoir plus, je t’invite à regarder cette vidéo, et à lire cet article dédié au postures de yoga pour la céramique.
Organiser ses tâches
En fonction de notre façon de travailler en céramique, nous pouvons être amenés à faire des gestes en série pour optimiser notre temps. Cela peut poser problème sur des gestes en force ou dans des positions contraignantes (ex : inclinaison du dos sur le côté, hyper-extension du poignet, etc.)
Il est donc important, lorsque l’on remarque ces situations qui posent problème de faire des pauses, alterner les activités contraignantes avec des moments plus reposants pour le corps.
L’ergonomie du potier : organiser son atelier
L’organisation spatiale est aussi importante. Difficile de donner des conseils précis, car beaucoup de paramètres entrent en jeu et dépendent de chaque céramiste ! Mais quelques conseils généraux sont toujours bons à prendre :
- Mettre à notre hauteur les charges lourdes, ou faire en sorte de ne pas avoir à les déplacer
- Utiliser des chariots, planches à roulettes. Par exemple, tu peux mettre ta poubelle de recyclage de terre sur un diable.
- mettre à bonne hauteur son établi.
- Varier entre position assise, semi-assise ou debout (avec des tabourets à hauteur variable)
L’idée est de t’économiser : éviter les positions prolongées, les gestes répétitifs (surtout en force), répartir la charge de travail sur tout le corps dès que possible
Ecouter l’interview de Laurie
Tu as maintenant toutes les clés pour prendre soin de ton corps à l’atelier. Je te laisse aussi nous partager tes astuces !