Pourquoi et comment doit-on faire une cuisson du biscuit pour nos créations céramiques ?
Après avoir réaliser nos pièces au tour, en modelage ou à la plaque, nous devons cuire et décorer nos pièces. 1ère étape avant le décor : la cuisson du biscuit. J’ai fais cette cuisson pendant longtemps sans vraiment me questionner…
Un jour, un impératif me tombe dessus : il fallait que mes pièces soient prêtes au plus vite ! Et les questions ont surgi ! A quoi cela nous sert-il de cuire nos pièces 2 fois ? Pourquoi ne pas faire une seule cuisson ? Pourquoi doit-on cuire un biscuit ?
J’ai cherché les réponses et je les partage avec toi dans cet article. J’espère qu’il t’éclairera sur le sujet et je pense en particulier à tous ceux qui “squattent” des fours à droite et à gauche.
Pourquoi cuit-on nos pièces en argile ?
Le but de la cuisson est de donner aux pièces un aspect définitif en les soumettant à la chaleur. Ce durcissement lors de la cuisson résulte d’une transformation irréversible de l’argile par la perte de l’eau de constitution et la fusion ou la recombinaison des composés qui ne contiennent pas d’eau. Le départ de cette eau s’accompagne d’un retrait qui met en contact les particules de l’argile.
Pour les terres poreuses telles que la faïence, la cuisson entraînera une fusion de contact, plus ou moins poussée en fonction de la température. C’est ce rapprochement des particules d’argile qui donnera de la solidité à cette pâte.
En revanche, pour les terres étanches comme le grès, cette fusion de contact est suivie d’une fusion totale des particules d’argile.
Biscuit / Dégourdi ? Késako ?
Biscuit : Terme utilisé pour la première cuisson de la faïence et des terres poreuses. Le biscuit est cuit à température supérieure à celle de la cuisson de l’émail.
Dégourdi : Terme qui concerne la première cuisson des terres haute température (grès et porcelaine).
Pourquoi cuire 2 fois ?
Le but de la cuisson du biscuit/dégourdi est d’éliminer une grande partie de l’eau présente dans la terre et de provoquer la fusion des particules. Ces changements augmentent la solidité des pièces et diminuent l’absorption des engobes, émaux et couleurs. De plus, appliquer de l’émail gorgé d’eau sur une pièce humide entraîne de gros risques de déformations.
Cette cuisson permet également de brûler le carbone présent dans la terre. Ce carbone risquerait d’altérer l’émail avec des dégagements de fumée.
Enfin, il est conseillé de cuire un biscuit/dégourdi pour le stockage des pièces. Ces dernières seront moins sensibles à l’humidité et donc aux déformations.
Réaliser une cuisson de biscuit/dégourdi
Particularité de la cuisson du biscuit (faïence)
On cuit directement le biscuit à la température de cuisson préconisée pour la faïence. Cette température est comprise entre 980°C et 1050°C en fonction de la composition de la terre. La température de cuisson du biscuit est donc supérieure à la température de cuisson finale pour les terres poreuses.
La faïence restant poreuse après sa cuisson, elle n’a aucun souci pour absorber l’émail que l’on applique dessus.
Lors de la cuisson, la terre peut dégazer, c’est à dire évacuer des gaz présents à l’intérieur. L’avantage de faire une première cuisson du biscuit à plus haute température que la température de cuisson de l’émail (environ 980°C) permet d’éviter ces dégazages lors de la seconde cuisson. En effet, une fois la pièce émaillée, un dégazage pourrait perturber l’applique de l’émail.
Particularité de la Cuisson du dégourdi
La cuisson du dégourdi est effectuée à 980°C maximum. Si la température est plus haute, la terre « se ferme », devient moins poreuse, et l’émail n’adhèrera pas suffisamment. La terre doit pouvoir absorber l’eau de l’émail.
Pour le grès et la porcelaine, il faut donc se méfier des dégazages car la seconde cuisson se fera à une température supérieure à la première.
Quelques conseils
- Il vaut mieux sous-cuire un biscuit que le sur-cuire.
- Si on utilise des engobes, on peut les cuire lors du biscuit.
- A l’enfournement d’ une cuisson de biscuits, on peut empiler les pièces, contrairement à une cuisson d’émail.
Faire une seule cuisson ? La mono-cuisson
Et non, tu n’es pas obligé de réaliser un biscuit! Tu peux tout à fait cuire en monocuisson. Ce terme désigne une cuisson durant laquelle la pâte et l’émail subiront ensemble une même cuisson.
Les avantages de la monocuisson
- L’économie d’énergie. On ne cuit qu’une fois au lieu de 2 donc moins de gaz ou d’électricité consommés.
- Gain de temps. On ne cuit qu’une seule fois donc moins de manipulation (enfournement, défournement, stockage) et de temps d’attente ! La production est plus rapide !
- Pas besoin de stocker les pièces biscuitées.
Les inconvénients de la monocuisson
- Les pièces sont plus fragiles crues, il y a donc plus de risque de casse lors des manipulations et lors de l’émaillage.
- En cas d’erreur, il est difficile d’enlever l’émail sans abîmer le tesson cru.
- Il est beaucoup plus difficile de poser l’émail de manière uniforme car on maîtrise moins bien l’absorption.
Amis tourneurs, j’espère que cet article vous aidera à saisir ce qu’est un biscuit ou un dégourdi en poterie. L’idée était de comprendre pourquoi faire cette cuisson ou ne pas la faire.
Pour ma part, je fais un biscuit à chaque fois. J’aime le décor au crayon à oxyde ou au transfert d’image et, dans ces cas, c’est quasi obligé de biscuiter la pièce. Et puis j’ai la chance d’avoir un four à la maison… Faites-moi vos retours d’expérience en commentaire, ce sera intéressant pour nous tous !
Merci pour ces explications très claires ! Continuez !
Merci pour vos encouragements!
Autre avantage de faire une cuisson biscuit/dégourdi : si une pièce explose à cause d’une bulle, les petits morceaux ne viennent pas se coller sur les voisines émaillées 😉. On élimine un risque…
Merci pour ces articles très clairs!
Super! N’hésitez pas à poster ce type de commentaires sur d’autres articles. Les connaissances et pratiques de chacun sont des mines d’informations pour les débutants! Merci
Bonjour et merci pour toutes ces infos. J’ai un four (je pratique la peinture sur porcelaine). Je prends des cours de modelage mais voudrais me lancer seule. Auriez-vous un tableau des cuissons biscuit/émail. J’ai lu qque part (pour le biscuit) ‘une montée de 500 degrés en 5 heures puis 980 avec palier de 10mnts et pour l’émail montée directe jusqu’à 980.
Merci pour votre aide
Christine
Bonsoir, va sur http://www.le-bol.fr. Va sur la formation gratuite “Les Bases de la Poteries” et dans le chapitre de la cuisson tu auras une courbe de cuisson type pour la haute température, tu devrais y trouver ton bonheur!
Merci Sarah, simple et efficace !
Merci Nathalie pour ton soutien!
Toujours aussi pertinent et agréable ces articles.
Vraiment utile. 👍👍👍
😁
Pas vraiment un commentaire plutôt une question : quelle courbe de cuisson Pour une mono cuisson grès à 1260 merci
J’ai apprécié l’article à bientôt Huguette
Bonsoir Huguette, je suis vraiment désolée, mais dans ma pratique, je n’utilise pas la monocuisson. Je ne suis donc pas la mieux placée pour vous conseiller une courbe de cuisson. Belle soirée, Sarah
Merci Sarah…..très simple ,facile à comprendre et complet.
Super article!! Pour la cuisson d’une pièce en grès, la terre est déjà imperméable après la première cuisson du dégourdi ou il faut absolument la recuire en seconde cuisson à 1200 degrés pour la rendre imperméable?
Bonne soirée et merci pour ce Blog très instructif !:)
Merci pour votre message!
Il faut absolument la recuire en seconde cuisson car après le dégourdi à 980°C, le grès est toujours poreux.
A bientôt!
Vraiment Sarah, c’est un plaisir de lire tous vos conseils. Je reçois mon Naber haute température dans la semaine et je voudrais bien trouver une explication aussi claire pour m’en servir…
Merci pour votre retour. Je travaille sur un article “guide” sur l’utilisation des fours. Peut être qu’il vous aidera…
A bientôt!
Bonjour et merci pour cet article ! Petite question : est-ce qu’on peut empiler les biscuits de grès aussi ? (1250)
oui pareil!
Bonjour,
Pouvez vous me dire pourquoi, on cuit plutôt le grès à 1280° si la terre le permet, et pas 1250° par exemple ?
La potière avec qui j’ai appris cuit toujours le grès à 1280 (en four électrique pour les élèves).
J’aimerai cuire à 1250° notamment pour pouvoir utiliser les éléments type pernette ou arbre à perle qui ne supporte que jusqu’à 1250°.
Quels sont les inconvénients d’une cuisson plus basse ?
Merci d’avance des réponses que vous pourrez m’apporter
Normalement ta terre a un delta pour la température de cuisson. Par exemple, pour unj grès Beck, tu as Cuisson émail : 1230 à 1280°C.
Dans ce cas, tu peux tout à fait tenter une cuisson à 1250°C (mets un cône pyrométrique pour être sûre que la température ne monte pas trop haut). Tu verras ensuite le résultat sur l’émail.
En général, quand un potier s’est trouvé une courbe de cuisson qui lui correspond, il ne la modifie pas, car il est sûr des résultats. C’est pour cela à mon avis que ta prof cuit toujours à 1280°
Bonjour Sarah, je suis novice dans la poterie et je souhaite cuire mes premieres pieces dans un four qui sert habituellement à cuire du verre, y a-t-il un programme prédéfinie pour la cuisson du biscuit, temps, courbe, cycle température…?
Merci
Bonjour,
à quelle température monte ton four? As-tu un programmateur? Qu’utilises-tu comme terre?
Bonjour Sarah, merci pour ces conseils,je cherchais à confirmer la conduite à tenir pour le biscuitage et l’émaillage de la faience,que je n’ai jamais travaillée…
Je me suis abonnée au blog dans la foulée!
Tu évoques le “crayon à oxyde”,que je ne connais pas (décidément! une mine,ce log!)
Peux-ton l’utiliser pour souligner les creux d’une impression,type bloc d’imprimeur,au lieu du pinceau fin trempé dans le jus d’oxyde avec toutes les maladresses et débordements
irrattrapables éventuels? Cà m’ouvrirait des perspectives…
Mille merci!
Merci Dominique,
je ne pense pas que ce soit très judicieux car c’est un peu comme un crayon de couleur, je ne pense pas que tu pourras le déposer comme tu le souhaites. Mais par contre, pour les jus d’oxyde ou la barbotine, tu peux les nettoyer quand tu débordes… Qu’est-ce que cela fait sur tes pièces?
Bonjour Sarah
Je suis débutante et lis tous vos conseils et vous en remercie !
Petite question : en monocuisson puis je poser de l’engobe noir puis gratter puis une fois bien sec passer une couverte transparente et cuire ?
Quel pourcentage de colorant de masse noir pour 100 gr de terre pour avoir un noir bien noir ?
Merciiiii
Oui, c’est la bonne procédure pour la monocuisson. Le taux de colorant noir dépend de la terre que tu utilises ainsi que du colorant. Mais pour ma part, si tu veux du noir bien noir, je mettrais au moins 15% de colorant dans l’engobe. N’hésite pas à me donner tes retours, bonne soirée,
sarah
Bonsoir!
Si on veut garder sa pièce non émaillee mais la plus solide possible, est-ce qu’il faut faire deux cuissons? donc, cuire la pièce en grès à 980 puis à 1250 en seconde cuisson ou préférer directement une monocuisson a 1250?
Peu importe, tant qu’elle est cuite à la température optimale soit 1250-1280° pour le grès!
Bonjour, si j’ai bien compris;
Je peux passer un engobe sur mes pièces avant la première cuisson du biscuit.
Et ensuite passer un émail avant la deuxième cuisson?
Ou puis-je trouver des courbes de température « classique «
Je travaille sur de la faillence et mon four monte à 1200 degré
Mille merci
Votre site est super!!!!
oui c’est bien cela. Si tu veux, tu peux trouver des courbes de cuissons dans la formation gratuite les Bases de lz poterie. Tu peux cependant diminuer la durée de la première montée si tu as un four neuf (cf café poterie sur les fours avec l’équipe de cigale et fourmi). Pierre conseille une durée de 4heures, pour les petites pièces,pour la première montée avec les fours récents.