Tous les jeudis j’accueille en live des artistes, céramistes, toujours en lien avec la poterie. Le but est de vous faire découvrir leur parcours, leurs créations, leurs ambitions. Ces lives sont une source d’inspiration pour tous les amateurs d’argile que l’on soit apprentis céramistes ou céramistes confirmés. Voici l’interview d’Émilie Gentils alias « mimy_made_this » qui va nous parler de son parcours dans la céramique mais surtout de son travail quotidien : la photo culinaire
Émilie Gentils a commencé la céramique il y a deux ans avec l’ Aventure Poterie Dans cette interview, elle nous explique comment elle en est venue à la céramique mais elle partage surtout son savoir dans la photo culinaire / céramique. Tu peux la retrouver sur ses réseaux sociaux via « mimi_made_this » pour ses créations céramique et « the_food_eye » pour la photo culinaire.
Interview de Émilie Gentils
Peux-tu nous parler de ton parcours ?
J’ai un parcours un peu atypique ! J’ai commencé mes études dans la restauration, rien à voir avec la céramique ou la photo. Rien ne me destinait à tout cela ! J’ai passé de nombreuses années dans l’hôtellerie et j’ai même travaillé une dizaine d’années à Londres dans la restauration. Puis, j’ai eu un petit garçon en 2007, donc c’était compliqué la gestion des heures. En parallèle, je faisais déjà de la photo. Mes parents en faisaient également, donc depuis petite, j’étais bercée par ça. Je me suis formée en autodidacte. J’ai commencé ma carrière à Londres en 2007 et ça a rapidement pris. Puis, je suis finalement rentrée en France en 2008 et en 2009, je me suis déclarée auto-entrepreneure.
Pourquoi as-tu intégré la céramique à ton parcours ?
J’ai voulu tout de suite me spécialiser dans la photo culinaire. Ayant étudié et travaillé dans la restauration, c’était mon domaine de prédilection. Aujourd’hui, j’ai plein de types de clients différents : des restaurateurs, des chefs, des marques, et je donne même des cours ! Et puis, dans la photographie culinaire, on a une spécialité : celle d’être styliste culinaire. C’est un métier souvent dans l’ombre de celui du photographe culinaire, mais la plupart du temps, on travaille en binôme ou, comme moi, on endosse les deux casquettes ! Le style culinaire, ce sont toutes ces jolies images qu’on voit dans les magazines et dans les livres. Ça demande une grande réflexion pour créer une ambiance dans les photos. Le but est de raconter une histoire à travers l’image.
En fait, l’idée de me former à la céramique avec le Bol en l’occurrence est venue du fait que j’achetais beaucoup de vaisselles pour mes photos. Un jour, je me suis dit « mais pourquoi ne pas créer toi-même ta propre vaisselle ? ». C’est comme ça que j’ai découvert le Bol et que j’ai suivi la première Aventure Poterie !
Est-ce que tu pourrais partager quelques astuces pour prendre en photos ses pièces avec de la nourriture dedans ?
Alors, je ne suis pas une très bonne élève parce que je ne suis pas trop investie sur Instagram. Pour le moment, j’ai un peu mis de côté la céramique car je préparais un livre et je veux surtout que cela reste une passion ! La photo culinaire, c’est assez technique : pas très compliquée mais technique. Il faut beaucoup anticiper parce qu’on travaille avec des ingrédients qui s’altèrent avec la chaleur, la lumière et le temps qui passe.
Quand on veut mettre en valeur ses pièces, je pense que le mieux, c’est de rester dans la simplicité ! Ce qui est intéressant, c’est de faire des photos de vos pièces vides ; c’est là qu’on voit vraiment toute la beauté des formes, des courbes, de l’émaillage, etc. Mais vous pouvez aussi réaliser quelques images où l’on va intégrer quelque chose de très simple, comme quelques herbes fraîches ou quelques fraises…
Un conseil que je donne : quand vous allez travailler sur la photo d’un plat, il faut essayer de réaliser plusieurs images, sous plusieurs plans, d’y intégrer quelque chose, de changer le fond. C’est ce qui va vous permettre de constituer une galerie d’images à poster sur vos réseaux !
Est-ce que tu as des conseils au niveau de l’alliage de couleurs ? Est-ce que des couleurs passent mieux en photo que d’autres ?
Je crois qu’aujourd’hui, il n’y a pas de « tips » ou de règles ; on voit tellement de choses. Il y a tellement d’éléments qui fonctionnent et qui attirent l’œil que tout est possible. Tant que cela vous plaît, foncez ! Après, il existe des univers vers lesquels on peut davantage se diriger. C’est toujours intéressant d’avoir une certaine cohérence ou une tonalité dans les couleurs que l’on va choisir. Le choix du fond est aussi crucial : trouvez votre style, ce qui vous parle et ce qui met en valeur votre pièce ! Il faut rester assez minimaliste et se concentrer sur l’essentiel !
Qu’est-ce qu’il faudrait que j’ai chez moi pour me lancer ?
Je conseille souvent de commencer simplement. Moi, j’ai construit ma banque d’accessoires petit à petit. À partir du moment où vous avez une fenêtre et de la lumière naturelle, pas besoin d’investir dans des lumières artificielles que l’on ne maîtrise pas toujours. Puis, après, vous pouvez aller n’importe où ! Moi, je vais souvent dans les magasins de bricolage, par exemple. Il faut aussi garder l’œil ouvert : une vieille porte abandonnée au bout de votre jardin peut être un superbe fond !
Pour l’appareil photo, le téléphone peut largement faire l’affaire. Aujourd’hui, les téléphones sont très performants et font largement le travail. Moi, j’ai toujours dit à mes élèves que ce n’est pas l’appareil qui fait la photo, c’est votre œil et votre sens de l’esthétique ! C’est comme le vélo ou la céramique : plus vous pratiquez, plus vous serez à l’aise et pourrez ajouter des accessoires. Il y a même quelques outils que je trouve importants à avoir. À partir du moment où vous êtes seul, équipez-vous d’un trépied pour stabiliser votre téléphone. Il y a aussi le retardateur, et la télécommande se trouve facilement sur internet ! Enfin, un autre outil que j’aime, ce sont les cartons brillants dorés que les pâtissiers mettent dans leurs boîtes de pâtisseries. Cela permet de réfléchir la lumière.
Comment trouver un fil conducteur pour se démarquer ?
Cela prend du temps de trouver un fil conducteur, car avoir un style propre qui permet de se démarquer est un processus long. Cela demande beaucoup de temps, d’essais et d’inspiration. Par exemple, pour un chef qui se spécialise dans le végétal, sa cuisine va s’inspirer de cela ! Il faut se connaître soi-même pour savoir quel style on recherche. Personnellement, je me suis beaucoup inspirée des livres culinaires.
Penses-tu que c’est important de choisir les filtres sur tes photos pour avoir une cohérence au niveau du feed et de ton site ?
Alors, tant sur mon profil culinaire que sur celui de céramique, les deux ont beaucoup évolué. Ce n’est pas forcément cohérent. Moi, je ne suis pas pour les filtres, que ce soit dans la photo culinaire ou pour la photo céramique. Les filtres présents sur Instagram ou d’autres applications photo marchent très bien pour les portraits ou les paysages, mais pas en photo culinaire ou céramique. On n’aime pas dénaturer les produits, on aime voir leur authenticité. Pour retoucher mes photos, j’utilise l’application gratuite « Snapseed ».
Qu’elles sont les erreurs les plus courantes que tu constates en regardent les fil Instagram des autres artistes ?
Il y a des erreurs, mais c’est difficile de parler d' »erreur » car quand on débute et qu’on ne connaît pas trop, oui, on fait des erreurs ! Mais elles vont s’estomper avec le temps. N’ayez pas peur de faire des erreurs, cela fait partie du processus d’apprentissage ! Après, je pense que le cadrage et l’œil pour la composition sont importants. Soit on a l’œil, soit on ne l’a pas. Mais cela viendra avec l’apprentissage.
Dans la photo, aujourd’hui, on voit tellement de choses, il y a tellement de gens qui cassent les codes que tout est possible. Moi, j’aime bien m’attacher à cette règle pour la composition et pour l’angle de prise de vue. Beaucoup de photos sont prises du dessus, cela marche très bien pour les assiettes plates. Par exemple, si je fais une photo d’un mille-feuille, c’est dommage de la prendre du dessus. Pensez à ce que vous voulez mettre en valeur. Je trouve cela positif de faire des erreurs !
Pour conclure, quels céramistes t’ont marqué dans l’originalité de leur travail et leurs photos ?
J’aime beaucoup Pia Van Peteghem, j’adore son style ! Elle ne met pas seulement des photos de céramique, elle ajoute également des photos urbaines avec des jeux d’ombres. Je trouve que cela fonctionne bien. On sent que c’est elle ! J’aime aussi beaucoup « noir_de _cobalt » qui, pour le coup, est également photographe. Ce que j’aime chez lui, c’est qu’il a une photographie assez masculine. Ensuite, j’apprécie « pola.ceramique » sur Instagram, elle a un univers très pop et acidulé ! Et le dernier, alors là, c’est autre chose, ce sont les « atelier.zelij » qui sont basés à Toulouse. Les pièces sont mises en situation sur les photos, et c’est super !