Dans cet article, je vais te parler du mishima, et de son dérivé, le zōgan. C’est une méthode de décoration sur pièce crue qui permet de créer des motifs à partir d’incisions remplies d’engobes colorés. On peut considérer que le mishima est l’inverse du sgraffite. Le sgraffite est une technique où l’on gratte un engobe coloré pour faire apparaître un motif. Dans le cas du mishima, nous gravons un motif, puis nous le remplissons d’engobe.
Cet article s’appuie sur le savoir de Michael Maïo. Ce céramiste a totalement intégré cette technique dans son travail incroyablement précis. Il propose une formation en ligne sur le mishima-zōgan que je t’invite à découvrir si les décors t’intéressent.
Une brève histoire du mishima
La technique du mishima vient de Corée. Ellea été développée pendant la période Goryeo (918-1392). À cette époque, il était principalement utilisé pour décorer la céramique de haute qualité, souvent réservée à la noblesse et à la cour royale.
Le Sanggam est le nom coréen du mishima. Les engobes utilisées ici sont principalement des barbotines de terre blanche ou noire incrustées dans des motifs gravés.
Des artisans coréens introduisent le mishima au Japon soit à la fin du 16ème siècle. Cette technique a été adoptée et adaptée, donnant naissance à ce que nous appelons aujourd’hui le mishima. Le terme mishima est dérivé du nom d’une série de bols importés de Corée, dont le motif du seau ressemblait aux timbres postaux de l’île de Mishima. Pour les puristes, les décors du mishima sont donc réalisés grâce à des tampons et non avec des incisions.
Au fil du temps, les artisans japonais ont développé et modifié la technique du mishima, en expérimentant différents styles de gravure et de remplissage des motifs. Avec l’intérêt croissant pour la céramique asiatique en Occident, particulièrement pendant le mouvement artistique et artisanal du 19e et du début du 20e siècle, la technique du mishima a gagné en popularité en dehors de l’Asie.
Différence entre mishima et zogän
Le zōgan est une technique de décoration céramique assez similaire au mishima. Pour être précis, nous pouvons établir une distinction. Le mishima symbolise l’utilisation de seaux ou de tampons pour marquer la pièce. Le zōgan est quant à lui réalisé avec des incisions, c’est à dire avec un objet seul qui va tracer le décor.
Réflexion sur le décor
Dans un décor au mishima, le dessin doit être uniquement compréhensible par des lignes d’une ou plusieurs couleurs. Pour reporter le dessin sur une pièce, plusieurs méthodes sont possibles :
- le dessin à main levée
- le poncif
Garde en tête que tu peux utiliser un crayon à papier pour noter le dessinsi tu le souhaites. Le trait brûlera à la cuisson sans laisser de trace.
L’engobe et le mishima
Le mishima est une technique intimement liée aux engobes.
L’engobe qu’est-ce que c’est
Je ne vais pas te détailler ici ce qu’est un engobe, nous avons tout un article dédié à ce sujet. En simplifiant les choses, un engobe c’est de la terre concassée mélangée à un colorant céramique et à de l’eau. Pense à bien tamiser ton engobe pour obtenir une texture uniforme. C’est ce mélange qui servira ensuite à remplir les sillons tracés dans la pièce.
A prêter attention
Pour réaliser ton engobe, utilise la même terre que celle de ton support. Ainsi, tu auras moins de risques d’incompatibilité, le coefficient de dilatation est le même. Si tu choisis une autre terre, c’est possible, tant qu’elle cuit à la même température. Comme toujours en céramique, expérimente ! Tu pourras avoir de bonnes surprises, ou pas, mais c’est le jeu.
Garde en tête que l’engobe n’est pas toujours coloré. Tu peux prendre le parti d’utiliser de la terre rouge ou noire pour réaliser ton engobe. C’est le principe du sanggam.
Le support
La technique
Pour réaliser la pièce support qui sera ensuite travailllée au mishima, tu peux autant utiliser le tournage que le modelage. Le coulage est lui aussi possible, il faut cependant veiller à ce que la texture ne soit pas trop dure quand on sort la pièce du moule.
La consistance
La pièce doit être à consistance cuir, c’est à dire pas trop humide pour ne pas laisser de traces et pas trop dure pour pouvoir être grattée.
Quels outils pour le mishima ?
La mirebauche
Pour réussir le mishima, tu dois avoir un outil à bout rond pour que l’engobe puisse se placer facilement dans le sillon. La mirebauche est l’outil adapté, mais une mirette à bout rond peut suffire
Les autres
Cette technique ne demande pas beaucoup de matériel mais il te faudra tout de même :
Les étapes du mishima – zōgan
Cette technique demande du temps. En fonction de la complexité de ton motif, il te faudra entre 1 et plusieurs jours pour arriver au terme de ton décor.
Les différentes étapes du mishima
- L’incision : pour tracer le dessin
- Le remplissage : du dessin par l’engobe
- Le grattage : du surplus d’engobe
- Le nettoyage : pour les finitions du motif
Le séchage
Le séchage est une étape clé pour uniformiser le séchage du support et de l’engobe.Pense donc à avoir des plastiques propres ou à mettre tes pièces dans la caisse humide.Tu peux retrouver le détail de la fabrication de la caisse humide dans la formation gratuite Les bases de la poterie.
L’émaillage
Aujourd’hui, on émaille les pièces du mishima avec un émail transparent pour ne pas altérer la couleur. Cependant libre à toi de tenter autre chose. En effet, le zögan traditionnel se réalise avec un émail céladon.
Le mishima dans la céramique
Se former au mishima- zögan
- Notre formation en ligne
- Des stages en présentiel sur ce sujet. Nous espérons en proposer un à nouveau l’année prochaine !
- Au niveau des livres, je ne pense pas qu’il en existe de dédiés. Cependant, tu pourras trouver quelques infos sur le livre de Molly Hatcher sur les décors.
L’interview de Michael Maïo
Et voilà ! nous avons fait le tour de cette technique qui t’ouvrira une voie incroyable de décors. Prends le temps de te familiariser avec cette technique, puis d’expérimenter encore et toujours ! Je te souhaite une belle découverte.