Le grès est aujourd’hui la terre la plus utilisée en céramique. Pourquoi ? Quels sont ses particularités, ses avantages et ses inconvénients ? Nous allons aborder tout cela dans cet article
Cet article fait partie du dossier « Argiles » qui regroupe 8 articles :
1 – Les argiles en céramique
2 – Choisir son argile en poterie ou en sculpture
3 – Le Guide de la porcelaine pour céramiste
4 – Le Guide du grès pour céramiste
5 – Le Guide de la faïence pour céramiste
6 – L’ argile autodurcissante ou argile sans cuisson
7 – Température de cuisson d’une argile et porosité
8 – Tester les propriétés d’une argile
Qu’est ce que le grès ?
Le grès est une terre commune, résistante aux rayures et imperméable à l’eau. C’est un matériau idéal pour l’utilitaire, et les pièces en extérieur. Sa température de cuisson varie entre 1150 et 1280°C.
Mais avant de commencer cet article, gardons en tête que nous utilisons aujourd’hui principalement des pâtes céramiques et non des terres collectées. Les grès que nous utilisons ont donc été retravaillés par l’industrie pour améliorer leurs propriétés. Fais donc attention à garder les fiches techniques des fabricants afin d’avoir les compositions et les caractéristiques de votre pâte sous les yeux.
Une brève histoire du grès
L’histoire du grès remonte à des milliers d’années, car il s’agit d’un matériau naturellement présent dans la nature et facilement disponible. C’est une terre rustique qui a très vite été utilisée dans la vaisselle. Les chinois, sous la dynastie Shang ( 1570 av JC) l’ont rendue accessible avec la construction de fours haute température.
Au Moyen Âge, l’utilisation du grès s’est répandue en Europe. Des centres de production se sont développés dans des régions comme la Rhénanie en Allemagne, où cette terre était abondante. Les potiers de la Rhénanie ont commencé à fabriquer des poteries en grès pour une utilisation quotidienne, telles que des cruches, des gobelets et des récipients de stockage.
Pendant la Renaissance, le grès en céramique a connu une nouvelle période de prospérité. Les artistes de l’époque ont exploré de nouvelles techniques de glaçure et de décoration pour créer des pièces en grès artistiques et décoratives. Le grès bleu et blanc, influencé par les céramiques chinoises, est devenu populaire en Europe.
Au 19e siècle, la production de grès en céramique s’est industrialisée en Europe, et de nombreuses manufactures de grès ont été établies. Des pièces en grès de style rustique et traditionnel ont été produites en quantité pour répondre à la demande croissante de poteries utilitaires.
Au 20e siècle, avec l’émergence du mouvement Studio Pottery, de nombreux céramistes européens ont redécouvert et réinventé l’utilisation du grès. Les artistes tels que Lucie Rie et Bernard Leach ont contribué à populariser le grès en céramique contemporaine grâce à leurs créations et à leurs techniques d’émaillage.
Ses avantages
- Faible porosité : Le grès cuit à la température voulue est vitrifié et donc non poreux. Cela signifie qu’il résiste au gel et est moins sensible aux taches que les faïences.
- Résistant :Si le grès est cuit à sa température optimale et donc qu’il est vitrifié il sera résistant.
- Coût : le grès, tout comme la faïence ne sont pas des pâtes céramiques très chères.
- Grandes possibilités pour la recherche d’émaux.
Ses faiblesses
- Limitations de formes : étant donné que le grès entre en fusion, il est limité en termes de formes. Par exemple, les assiettes avec un grand marly ne sont pas possibles en grès.
- Le grès est une terre haute température, il ne permet pas les couleurs vives.
- Le grès devant être cuit à haute température, il nécessite l’achat d’un four céramique haute température, plus onéreux que ceux cuisant la faïence. De plus la cuisson en elle-même coûte elle-aussi plus cher.
Les variations de couleur
Le grès est une terre opaque, c’est à dire que la lumière ne passe pas au-travers. Tout comme la faïence, elle possède une gamme de couleur étendue allant du beige au noir en passant par l’ocre. Il est difficile d’obtenir des rouges vifs comme en faïence, car la cuisson haute température ne permet pas les couleurs vives.
Le taux de retrait
Le grès a un taux de retrait entre 12 et 18%. Il est plus important que pour la faïence et moins important que pour la porcelaine.
La composition du grès
La composition chimique du grès peut varier en fonction de l’origine géologique. Cependant, de manière générale, la composition chimique du grès est principalement constituée de dioxyde de silicium (SiO2), d’Alumine ( Al2O3) et de fondants. Sa formule communément acquise est 60% d’argile siliceuse, 20% de Quartz et 20% de feldspath.
Le grès est une terre qui se vitrifie. C’est à dire qu’arrivé à une certaine température, ses particules entrent en fusion, se soudent entre elles. Ainsi, il n’y a plus d’espace vide, le tesson est imperméable.
Quelle température pour la cuisson ?
La température de cuisson finale du grès peut varier entre 1150 et 1280°C en fonction de sa composition. Les grès noirs, contenant du manganèse, se cuisent à moins haute température que les grès rouges, contenant du fer, puis que les grès blancs. Mais garde en tête que ce qui importe n’est pas vraiment la température finale, mais la courbe de cuisson utilisée. En effet, c’est la quantité de chaleur emmagasinée dans le four qui importe et non le point final. C’est pour cela que nous conseillons généralement de cuire au cône.
- Température de cuisson du dégourdi : en général 980°C
- Température de cuisson finale : entre 1150°C et 1280°C
On peut trouver des grès tendres dont la vitrification e fait entre 1150 et 1220°C et des grès durs dont la vitrification à température supérieure.
Ici, le dégourdi se cuit à température inférieure, contrairement à la faïence. La terre se vitrifiant, nous risquons qu’elle devienne imperméable et perde sa porosité.
Doit-on émailler le grès ?
Si le grès est cuit à sa température optimale, il sera vitrifié. Nous ne sommes donc théoriquement pas obligés d’émailler le grès pour l’utilitaire.
Néanmoins, dans l’alimentaire, il est conseillé d’émailler les parties en contact avec les aliments, car la fine couche de verre apportée par l’émail permet de nettoyer plus facilement sa vaisselle. De plus, il est rare qu’un grès soit totalement vitrifié. En général, il reste toujours une petite porosité liée à la présence de chamotte ou à sa constitution.
Se fabriquer ses émaux ?
Le grès se prête vraiment bien à la préparation de son émail. En effet, se cuisant à haute température, nous n’avons pas besoin de beaucoup d’abaisseur de température, telle la fritte 3134, pour obtenir la température de fusion souhaitée.
Les conseils des fabricants
Voici les conseils d’achat des revendeurs pour choisir au mieux votre grès :
Solargil :
- Grès de Saint Amand – GSA
- Grès blanc COLETTE
Les Cousins :
- La W11, un grès blanc qui se tourne très bien
- La PRGF idéale pour la sculpture
- La G930, un grès blanc pyrité pour son côté fun et qui fait son effet du premier coup !
Les grès locaux
Tu as certaines sources de grès en France. Les plus connues sont le grès de Saint Amand, le grès roux de Treigny, les grès de la Poterie de doublet, les grès de Moustier. Si tu en connais, partage tes adresses en commentaire, nous étayerons l’article au fur et à mesure.
J’espère que cet article t’aura éclairé dans ton choix de ta pâte céramique. Comme je te l’ai déjà dit, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise terre, à toi de faire ton choix !