Colorer son argile de coulage, est une de ces techniques qui permet d’ajouter de la créativité à tes pièces. Tu as déjà vu des pièces avec des motifs marbrés ou des aplats de couleurs vives sur des pièces coulées ? Tous ces effets commencent par une bonne maîtrise de l‘argile colorée. Dans cet article, je te présente cette technique et je te parle d’une super céramiste qui l’utilise dans ses collections.
L’argile colorée en coulage
Quand on parle de couler la terre colorée, on parle de colorer la barbotine de coulage blanche en terre colorée. La barbotine da barbotine de coulage est une préparation liquide d’argile conçue spécifiquement pour le travail avec des moules en plâtre. On utilise de l’argile de coulage, présentée en poudre, à laquelle on ajoute de l’eau et quelquefois des défloculants.
Pour la colorer, tu ajoutes des colorants de masse ou des oxydes métalliques directement dans la terre de coulage. Une fois cette terre colorée, tu pourras l’utiliser de différentes manières dans ton moule de coulage. Tu pourra l’utiliser en marbré, en applat de couleur ou en vague de motifs.
Voici une vidéo qui reprend différents moyens de colorer sa terre. Tu pourras retrouver des céramistes qui utilisent la terre de coulage colorée et d’autres qui pratiquent le nérikomi.
Préparer l’argile colorée
Une barbotine d’argile colorée, c’est de la terre mélangée à de l’eau jusqu’à obtenir une consistance fluide, mais pas trop liquide. Elle doit être suffisamment fluide pour couler dans un moule, mais assez épaisse pour que les colorants se mélangent bien et restent stables.
Comment la préparer ?
- Prends ta terre : une argile qui se prête bien à la coulée. Ça peut être de la faïence, du grès ou de la porcelaine, en fonction de ce que tu veux obtenir comme rendu final.
- Ajoute de l’eau et mélange.
- Passe la barbotine au tamis pour retirer tous les morceaux ou impuretés. Un tamis entre 60 et 80 mesh, c’est idéal.
Et si ta barbotine est trop liquide ? Pas de panique ! Tu peux l’épaissir en laissant l’eau s’évaporer un peu ou en ajoutant de la terre sèche. Si, au contraire, elle est trop épaisse, dilue-la avec un peu d’eau et remélange.
Ajouter la couleur : oxydes métalliques ou colorants de masse ?
Pour colorer ta barbotine, tu as deux options principales :
- Les oxydes métalliques : Tu cherches des couleurs naturelles et profondes ? L’oxyde de fer pour le rouge, l’oxyde de cobalt pour le bleu, le cuivre pour les verts. Les oxydes donnent des résultats toujours un peu subtils et organiques.
- Les colorants de masse : Si tu veux des couleurs plus vives, les colorants de masse sont parfaits. Ils offrent une gamme beaucoup plus large (turquoises, roses, jaunes vifs, etc.).
Les dosages
Pour commencer, fais des tests avec 5 % de colorants ou d’oxyde par rapport au poids sec de la terre. Par exemple, pour 1 kg de terre de coulage sèche, ajoute 50 g de colorants. Ça te donnera une couleur bien saturée. Si tu veux un effet plus pastel, réduis la dose.
💡 Astuce : Note toujours tes proportions. Crois-moi, la pire galère, c’est de retrouver une couleur que tu as créée, mais d’avoir oublié comment tu l’as faite…
Les rendus de coulage d’argile colorée
Une fois que ta barbotine colorée est prête, il est temps d’explorer ces couleurs. Voici quelques idées pour te lancer.
Les couches successives
Tu verses des barbotines de différentes couleurs en couches successives dans un moule. Elles ne se mélangeront pas complètement, mais tu obtiendras de jolis dégradés. L’idéal, c’est de jouer avec les contrastes : un beige et un bleu vif, par exemple, ou un noir et un blanc.
Le marbrage
Pour le marbrage, voici comment faire :
- Prépare plusieurs barbotines de couleurs différentes.
- Verse-les les unes après les autres dans un récipient commun, sans trop mélanger.
- Verse ensuite le mélange marbré dans ton moule. Tu obtiens des lignes ondulées et des motifs uniques.
Les motifs graphiques
Tu veux aller plus loin ? Essaie de dessiner directement dans le moule avec des barbotines colorées. Par exemple, fais des lignes, des points ou même des zigzags avec une seringue ou une poire à sauce avant de couler une barbotine neutre par-dessus.
4 Conseils pour réussir ses pièces en coulage d’ argile colorée
Utilise un bon moule
Le moule en plâtre est ton meilleur allié pour cette technique. Pourquoi ? Parce que le plâtre absorbe l’eau de la barbotine, ce qui permet à la surface de ta pièce de durcir assez rapidement. Un moule propre et bien sec est essentiel.
Sois patiente
Une fois que tu as versé ta barbotine colorée, laisse-la reposer dans le moule suffisamment longtemps pour que l’épaisseur souhaitée se forme. Ensuite, vide l’excédent (si tu fais une pièce creuse) et laisse sécher encore un peu avant de démouler.
Séchage
Laisse toujours tes pièces sécher lentement. Les barbotines colorées peuvent réagir différemment. Un séchage trop rapide peut provoquer des fissures ou des déformations.
Teste
Mais attention, certaines teintes peuvent changer en fonction de la température. Fais des essais au préalable et garde un œil sur la température de maturation de ta terre.
Couler la terre colorée, c’est un peu comme peindre en 3D. Une fois que tu as compris comment préparer ta barbotine et gérer les couleurs, les possibilités sont infinies. Alors, lance-toi, fais des tests, et surtout, amuse-toi. Parce qu’au final, c’est ça, la céramique : du plaisir, des surprises, et toujours un peu de magie quand tu ouvres le four !
Yaël Germain et sa pratique du coulage d’ argile colorée
Yaël Germain est une céramiste qui crée des pièces en terre coulée colorée. Son travail met en avant des textures délicates, des formes épurées et des couleurs douces. Elle a un atelier sur Besanço et vous attend si le coeur vous en dit !
Comment es-tu arrivée dans le monde de la céramique ?
Je me suis orientée vers la céramique dès le lycée, avec un bac appliqué. Mon école organisait des visites dans des grandes écoles d’art à Paris. Voir ces projets m’a vraiment inspirée et donné envie de m’y plonger. Ce qui m’a captivée, c’est la matière elle-même : la diversité des états de la terre, du solide au liquide, et la richesse des couleurs apportées par les émaux.
Pourquoi as-tu choisi la technique du coulage de la terre colorée ?
Le coulage m’a permis de jouer avec la couleur d’une manière que je n’aurais pas pu explorer autrement. La terre de coulage, une porcelaine liquide, offre une surface parfaite pour exprimer des motifs et des nuances que d’autres techniques ne permettent pas.
Quels matériaux utilises-tu pour colorer ta terre ?
J’utilise des colorants de masse, car ils permettent des teintes intenses et durables. Ce sont des pigments qui se mélangent directement à la porcelaine liquide. Contrairement aux oxydes métalliques, les colorants de masse offrent des couleurs vives et uniformes, parfaites pour mon style.
Comment réalises-tu le mélange des couleurs ?
Le processus est assez précis :
- Je dose le colorant en fonction de l’intensité souhaitée (plus le pourcentage est élevé, plus la couleur est vive).
- Je mélange doucement pour éviter les bulles d’air.
- Je laisse reposer la terre colorée pendant plusieurs jours pour que la teinte se stabilise.
Quels conseils pour débuter la coloration de la terre ?
- Préparez toujours votre mélange à l’avance, pas la veille, pour éviter les bulles.
- Tamisez soigneusement la porcelaine pour obtenir une texture homogène.
- Commencez par des colorants basiques avant d’investir dans des teintes coûteuses comme les rouges, souvent plus onéreuses.
Quels types de motifs réalises-tu avec ta terre colorée ?
J’ai plusieurs collections :
- Wavy : des couches superposées de terres colorées, créant des vagues élégantes.
- Marbré : un mélange aléatoire de terres colorées qui révèle un motif unique à chaque démoulage.
- Cœurs peints : des motifs précis réalisés à la main sur la paroi des moules avant le coulage.
Comment travailles-tu la superposition des couleurs ?
Je verse différentes couches de porcelaine colorée dans mes moules, en guidant le mouvement pour créer des vagues ou des dégradés. Chaque couche doit sécher avant d’ajouter la suivante, ce qui demande de la patience mais garantit un résultat propre et net.
Quelles sont les principales difficultés rencontrées ?
- Les bulles d’air : Elles sont courantes si la porcelaine est mal préparée. Le tamisage et le repos sont essentiels pour les éviter.
- La déformation des pièces : Parfois, les pièces se déforment au séchage. J’ai appris à travailler lentement et à couler une pièce par moule et par jour pour limiter ce problème.
Comment entretiens-tu tes moules ?
Mes moules sont en plâtre, et je les utilise tant qu’ils fonctionnent. Avec l’usure, ils nécessitent plus de finitions sur les pièces, mais je veille à les conserver propres et à les remplacer lorsque nécessaire.
Quelles sources d’inspiration recommanderais-tu ?
- Revues spécialisées : La Revue de la céramique et du verre est une excellente ressource.
- Artisans à suivre : Je recommande fortement de découvrir le travail de Forest Ceramic, un céramiste spécialisé dans le coulage coloré et Toptop céramique
Un conseil pour ceux qui veulent se lancer ?
Prenez le temps d’expérimenter et d’échouer. Le coulage peut sembler simple, mais il nécessite de la précision et une bonne maîtrise de la matière. Soyez patient et n’hésitez pas à investir dans de bons outils, comme des tamis fins et des moules bien conçus.